Trouver sa place dans un groupe en tant que violoniste

Savoir PratiqueSur Scène

Il est parfois difficile pour un violoniste de trouver sa place dans un groupe de « musiques actuelles ». Rassurez-vous, cela n’est qu’affaire d’audace et de pratique, alors on se lance !

Nous allons aborder les différents aspects déterminant votre place dans un groupe. Cela concerne à la fois les questions techniques, votre emplacement sur scène, vos interventions musicales ou encore votre posture.

Être indépendant et sociable

Connaître son matériel

Vous êtes un musicien, un violoniste, un chanteur, etc. Et, à moins que votre groupe possède ses régisseurs scène, vous devez être capable d’installer, de brancher, de régler votre matériel tout seul !
Sans ces connaissances, vous ne pourrez pas vous en sortir. Vous ne pouvez pas compter sur le guitariste, l’ingénieur son ou le bassiste pour installer votre matériel !

Nous avons écrit des dizaines d’articles sur le sujet, voici quelques liens :

Connaître son matériel est le b-a-b-a de vos concerts. Il vous faut savoir régler et configurer chaque outil pour que votre prestation se déroule bien le jour J.
Vous devez aussi être capable de réagir rapidement en cas de difficultés ! Votre violon s’est désaccordé entre deux titres, lancez vite votre accordeur pour le réaccorder, tout en coupant votre son pour que les spectateurs ne vous entendent pas lors de l’accordage. Des crépitements sont présents soudainement dans votre mix, analysez le problème pour essayer de trouver le responsable, puis mettez tout en œuvre pour le résoudre.

Pour communiquer correctement avec les autres musiciens et surtout avec l’ingénieur son, il est aussi important de connaître le vocabulaire technique de la scène. Il n’est pas nécessaire de savoir précisément le rôle d’un DI, mais lorsqu’on vous demande si vous avez besoin d’un DI, vous devez savoir de quoi il s’agit ! Autre exemple, vous devez savoir si votre son va sortir en mono ou en stéréo en fonction de votre config.

Non seulement votre indépendance vous permettra de grandir, mais vous serez aussi plus à l’aise si vous êtes capables de faire face tout seul à ce type de problèmes.

Communiquer, partager, s’amuser

Si vous ne vous entendez pas avec les autres membres du groupe, jouer va vite devenir une corvée et très rapidement, vous n’aurez plus envie de participer. L’entente est essentielle pour votre bien-être et pour l’image que vous allez dégager sur scène. Si vous n’êtes pas capables de communiquer entre vous, le manque de cohésion sera très vite ressenti par le public.

Cet aspect concerne aussi le plaisir que vous prenez en jouant. Si demain, vous n’avez plus envie de jouer le répertoire du groupe, vous trouvez que vous faites toujours la même chose depuis des années, vous n’arrivez plus à vous renouveler, etc. C’est peut-être parce que vous avez le tour des choses avec ce groupe et qu’il est temps de changer de formation !

Jouer de la musique ne doit pas devenir un supplice, vous devez vous amuser et prendre du plaisir sur scène.

une violoniste lors d'un concert

Trouver sa place dans le mix

Travailler le son de votre violon

Avant de trouver sa place dans le mix du groupe, il vous faut obtenir un son de qualité qui vous correspond. Cette première étape concerne les réglages de votre violon, de votre amplificateur, de vos pédales à effets et autres appareils.

Nous avons déjà évoqué ces thèmes dans plusieurs articles. Voici quelques liens qui vous aideront à parfaire vos réglages de votre côté.

Travailler avec l’ingénieur son sur la place de votre violon dans le mix général

Lorsqu’un ingénieur son prépare le mix général d’un concert, il s’affaire à trouver les meilleurs réglages pour que chaque instrument trouve sa place dans le mix général (le son qui sera envoyé au public). Les instruments ne doivent pas couvrir le chant, les solos de violons doivent être audibles, la rythmique de la basse doit être présente, etc.

Il doit faire en sorte que le mix général soit propre, audible, sans larsen et cohérent avec le style du groupe. Un mix dépend de chaque groupe et, des personnes et instruments qui le composent. Les réglages sont diamétralement opposés entre un concert métal et country !

Dans le cas du violon, il veillera à ne pas polluer le chant. Les fréquences du violon concordent partiellement aux fréquences de la voix. L’ingénieur son les restreint parfois pour éviter que le violon ne couvre la voix du chanteur. Puis, il faut vérifier que le violon n’interfère pas avec les fréquences d’un autre instrument et inversement.

ingénieur son

Trouver sa place musicalement : le rôle de soliste et d’accompagnateur

Le violon est un instrument qui peut jouer deux rôles : celui de soliste comme dans Cotton Eye Joe de Rednex et celui d’instrument d’accompagnement comme dans J’t’emmène au vent de Louise Attaque (sauf à 1mn où il devient soliste).

Que le seul (et probablement unique) violoniste français qui n’a jamais reçu une demande du type « S’il te plaît, joue moi J’t’emmène au vent » lève la main ? 🙂

Revenons aux bases de ces 2 rôles qui n’impliquent pas la même façon de jouer.

Un soliste est un interprète qui assure seul l’exécution d’une partie musicale dans un ensemble ou de manière isolée.

Le soliste s’oppose donc au musicien qui exécute collectivement une partie musicale. Dans ce cas, le musicien accompagne le soliste, d’où son rôle d’instrument d’accompagnement.

Cependant, un violoniste occupe parfois ces deux rôles dans un même titre. Il va effectuer un solo de quelques secondes au milieu du titre, et le reste du temps, il aura un rôle d’instrument d’accompagnement.

Comment se positionner musicalement en tant que violoniste soliste ?

Il y a 2 possibilités : le morceau instrumental ou le morceau chanté. Dans le cas d’un morceau instrumental, vous allez jouer la ou les mélodies principales. Pour un morceau chanté, vous aurez à prendre la place du chant à certains moments du morceau. Il s’agit généralement de l’intro, d’un solo instrumental et, parfois, lors du refrain ou du pont. Il faut être très présent sur les solos. Vous pouvez aussi intercaler des petits passages entre les paroles du chanteur pour donner du corps à ce qu’il chante.

En fait, c’est exactement le même rôle qu’un guitariste soliste, sauf que vous jouez du violon ! Il vous faut être percutant et clair dès votre première note afin de prendre la place du chant dès que ce sera votre moment. Le violoniste soliste doit être capable de jouer des mélodies en correspondance avec les accords du morceau. Très souvent, les violonistes font appel à leur technique d’improvisation. Si vous n’êtes pas à l’aise avec le fait d’improviser, il est préférable d’avoir préparé votre intervention et de vous y tenir. Un petit exemple avec ce solo de violon réalisé par Volt W. Jingjit sur une reprise d’I Shot the Sheriff de Bob Marley.

Son attitude est intéressante à analyser. Comme nous le connaissons très bien, nous vous confirmons que le solo est complètement improvisé et qu’il n’est jamais le même à chaque fois qu’il doit le faire. Volt est un violoniste qui improvise dès qu’il en a la possibilité. On s’aperçoit qu’au départ, il suit la mélodie puis qu’il insère des passages improvisés. Petit à petit, il est happé par la musique et le rythme, et semble jouer seul au milieu des autres. Observez-vous aussi le moment où il informe ses partenaires d’un regard et mouvement de tête qu’il va lâcher son lead pour repartir normalement sur le titre. Ce qui prouve que les musiciens autour n’ont aucune idée de l’instant où il va rendre le lead à la chanteuse.

C’est dans ce rôle de soliste que vous pouvez utiliser des effets, qu’ils soient assez classiques ou très originaux comme la distorsion ou la wah wah ! L’intérêt est de varier votre jeu et d’attirer l’attention de l’auditoire sur votre performance.

Attention, être violoniste soliste, ne signifie pas que vous serez soliste sur tout un morceau. Il faut respecter la position du chanteur ! Très souvent, vous devenez soliste pour quelques secondes dans un titre, avant de rendre le lead au chanteur. Il est aussi important de vous limiter dans la reprise du chant, vous ne devez pas en faire plus que le chanteur.

En tant que soliste, vous devez apparaître au premier plan de façon évidente, alors ne vous cachez pas ! N’hésitez pas à occuper l’espace en vous déplaçant si cela est possible.

À contrario, quand le chant est présent, ou qu’il reprend sa place dans le morceau, vous ne devez pas interférer avec lui. Apprenez à respecter votre temps de présence. Lorsqu’il est terminé, faites-vous discret et attendez votre tour.

Comment se positionner musicalement en tant qu’instrument d’accompagnement ?

La plupart du temps, les instruments d’accompagnement jouent ensemble et entourent musicalement le soliste qui est très souvent le chanteur.
En tant qu’instrument d’accompagnement, le violoniste va remplir le même rôle qu’une guitare ou qu’un piano, c’est-à-dire créer l’harmonie sur laquelle viendra se poser le chant.

Pour cela, le violoniste peut faire appel à plusieurs techniques. Si vous remplissez ce rôle d’accompagnement, en tant qu’unique violoniste sur scène, vous pouvez :

  • Effectuer des doubles ou triples cordes
  • Réaliser des rythmiques en pizz sur plusieurs cordes à la manière d’une guitare
  • Utiliser un harmoniseur pour simuler plusieurs instruments

Vous devrez être précis rythmiquement et harmoniquement, connecté à la section rythmique (basse et batterie) tout en vous mettant au service du chant.

En termes de placement sur scène, si vous êtes accompagnateur, rapprochez-vous de la section rythmique (batterie et basse) pour être en symbiose parfaite avec elle.

 

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Exister sur scène

Vous pouvez être introverti dans la vie, mais sur scène, il va falloir mettre tout ça de côté et se montrer. Si vous êtes quelqu’un de timide et de réservé, n’ayez crainte, vous n’êtes ni le premier ni le dernier. Il vous faudra travailler votre présence scénique, sans pour autant vous forcer à faire ce que vous ne voulez pas faire ! C’est un juste milieu à trouver.

Il n’est pas rare de voir un musicien très timide dans la vie, mais complètement débridé sur scène ! Vous pouvez être sur scène quelqu’un que vous n’êtes pas dans votre vie quotidienne. L’important est de se lancer, d’essayer différentes interventions au moins une fois pour savoir si elles vous conviennent ou non.
Pour exister sur scène, essayez différentes postures et signes réalisés avec votre instrument et/ou des membres de votre corps.

Sourire

Commençons par le sourire. Ça peut paraître bête, mais sourire est le premier point à mettre en œuvre. Certains musiciens sont tellement stressés ou concentrés sur leur jeu qu’ils en oublient de sourire. Si vous faites la gueule en jouant, aucun spectateur ne vous regardera !

Nous ne pouvons pas vous apprendre à sourire, mais si vous êtes à l’aise et prenez plaisir à jouer sur scène, cela sera naturel.

Le sourire est aussi important pour les photos et vidéos qui seront réalisées lors d’un concert. Si vous ne souriez pas, vous ne serez pas mis en avant dans la vidéo du concert, et les photos seront inexploitables.

Deuxième point : le regard !

En musique classique, vous n’allez jamais chercher à avoir un contact visuel avec un spectateur. Ça ne correspond absolument pas à l’univers classique. En revanche, en musiques actuelles, vous avez tout intérêt à user de l’échange de regards avec le public, les autres musiciens, et même les caméras. Nous connaissons tous déjà ce type d’intervention. Mais si, rappelez-vous le petit clin d’œil glissé à la caméra après un solo mémorable !

Regarder le public va vous permettre d’établir un contact avec lui. Il sera impliqué dans vos faits et gestes, et aura l’impression de participer à votre prestation. Si vous êtes mal à l’aise dès que vous regardez quelqu’un dans les yeux, regardez-les au niveau du front. Vous ne serez plus mis mal à l’aise par leur regard, et la personne aura l’impression que vous la regardez dans le blanc des yeux ! Cette astuce fonctionne à tous les coups !

Sur de grandes scènes avec des sets de lumières conséquents, vous ne verrez probablement pas le public, ou seulement les premières rangées de fauteuils ou personnes de la fosse. Ça n’est pas grave ! Vous pouvez tout aussi bien regarder un peu plus loin en imaginant que quelqu’un est là-bas. De toute façon, il y a quelqu’un là-bas (à moins que la salle ne soit vide !) et eux ne savent pas que vous ne pouvez pas les voir, alors regardez-les. Peut-être avec moins d’insistance, mais pensez vraiment à faire participer ces gens.

Avec les autres musiciens, vous l’utilisez certainement déjà pour vous caler sur le rythme du batteur, pour déterminer avec le chanteur quand votre solo entre en jeu, etc.

Avec les caméras, ça vous permettra d’être sûr, mais vraiment sûr, d’être dans la vidéo du live ! N’importe quel réalisateur ou monteur vidéo adore ce type d’interventions. Parce que vous ne faites pas que jouer de votre instrument, vous participez au show des caméras, vous entrez en contact avec lui en le regardant à travers la caméra, et vous donnez vie à votre jeu à travers cet échange. Attention, n’abusez pas du regard caméra. L’utiliser trop souvent peut devenir lourd et sans intérêt. Il est inutile de le faire sur chaque morceau, le réalisateur ne l’utilisera pas plus de 2 à 3 fois par concert. Et si possible, il le fera avec différents musiciens pour une question d’équité !

Avec un photographe, vous pouvez prendre une pause particulière, mais là aussi n’en n’abusez pas. Les plus jolies photos sont souvent celles où le sujet a oublié que le photographe était là !

La gestuelle de votre corps

Vous ne pouvez pas rester droit comme un « i » et ne pas bouger. Vous jouez de la musique pop, country, rock ou autres. Ce n’est pas de la musique classique. Ces musiques ont été pensées pour faire danser ! Alors vous ne pouvez pas rester immobile.

Il n’est forcément pas nécessaire de se déhancher tout le concert ! Mais il vous faut montrer que vous ressentez physiquement ce que vous jouez que cela soit avec votre visage ou tout autre membre de votre corps ! Un petit exemple avec la gestuelle si personnelle de Matt Bell lorsqu’il joue du violon électrique !

C’est ce qu’on appelle la communication non-verbale. Elle correspond à l’expression du visage et/ou aux postures du corps que l’on adopte dans une situation particulière.

Échangez aussi avec les autres musiciens du groupe. Nous avons parlé précédemment des échanges de regard, mais vous pouvez aussi jouer, danser, rire avec eux ! Tout échange qu’il soit visuel ou physique est positif ! Il vous rend humain et montre qu’il existe une osmose entre vous. Les mouvements peuvent être « préparés » ou spontanés. Dans tous les cas, ils donnent vie à votre performance.

Soyez tout de même cohérent avec le morceau joué, et en concordance avec les autres musiciens. Vous aurez l’air ridicule si vous ne bougez pas et qu’eux sont pris dans le rythme, mais vous serez tout autant ridicule si vous êtes en train de sauter partout alors qu’ils sont complètement décontractés.

Occupez l’espace

Si vous n’êtes pas bloqué par votre instrument, déplacez-vous et occupez l’espace ! Lors d’un solo de violon, ne restez pas au fond à côté du batteur et avancez vers le public pour qu’il voit votre performance. Vous devez toujours avoir une longueur de câble suffisante pour ce type de déplacement. Ce câble doit être déroulé et prêt à vous suivre ! Le plus simple reste l’utilisation d’un système sans-fil destiné aux instruments de musique !

Au moment de la balance son, vérifiez la longueur de câble nécessaire ou l’étendue acceptable de votre système signal sans-fil. Vérifiez aussi, qu’en vous déplaçant, vous êtes toujours capable de vous entendre. Vous risquez de sortir du champ d’émission de votre retour, il faut donc qu’un autre retour puisse vous aider à vous entendre (celui du chanteur ou d’un autre musicien). Évidemment, vous n’aurez pas ce problème si vous utilisez des in-ear monitors.

En tant que guitariste ou violoniste, vous avez la chance de pouvoir vous déplacer instrument en main, utilisez cet avantage pour exister ! Et rappelez-vous que le jour où le batteur pourra se déplacer avec sa batterie, il prendra votre place, parce qu’au fond de lui, et depuis toujours, il rêve de pouvoir le faire !

En vous déplaçant, vous pouvez accompagner le chanteur, participer à une séquence avec un autre musicien, vous placer sur le devant de la scène quand vous prenez le lead, etc. Une fois, le morceau ou solo terminé, n’oubliez pas de retourner à votre place !

Violoniste sur scène avec un guitariste

Sur scène, chaque musicien possède son espace. Ses dimensions dépendent des besoins de chaque musicien (retour, pédales à effets, place nécessaire pour jouer de l’instrument, nombre d’instruments utilisés, etc.) Parfois, les scènes sont petites et il vous sera difficile de vous mouvoir. Dans ce cas, il vous faut trouver le meilleur compromis pour que chaque musicien soit à l’aise. Tout comme, il sera nécessaire d’adapter vos mouvements et déplacements afin de ne pas déranger votre voisin musicien.

À l’inverse, parfois les scènes sont trop grandes pour quelques personnes et ce grand espace paraît vide. Essayez de redéfinir l’espace scénique de cette grande scène, en la réduisant par vos positionnements. Ne vous placez pas à 5 mètres les uns des autres. Si vous êtes plus proches les uns des autres, et que le reste de l’espace est totalement vide, les spectateurs sauront que votre scène se trouve là où vous êtes. Ils oublieront les zones non occupées de la scène et focaliseront leur regard sur vous.

Tags : concert, violoniste

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