L’histoire de la wah-wah

Qu’est-ce que la wah-wah ?

La pédale wah-wah est utilisée avec des instruments électriques ou amplifiés afin de transformer le son joué en une forme de voix prononçant la syllabe « wah » à chaque va-et-vient du pied sur la pédale. Elle est devenue célèbre par l’utilisation qu’en a fait Jimmy Hendrix (voir la vidéo ci-dessous). Depuis, elle orne la plupart des pédaliers des musiciens !

L’origine et l’histoire de la wah-wah

Aux origines de la wah : les instruments à vent

L’effet « wah » a été lancé dans les années 20 par le trompettiste Clyde McCoy qui avait découvert qu’il était possible de générer une sorte de pleurs en utilisant une sourdine. La sourdine s’adapte hermétiquement au pavillon de la trompette. En la déplaçant vers l’intérieur et vers l’extérieur, le trompettiste agit sur l’ouverture du tube de son instrument ce qui génère différents sons. Cet effet fut utilisé par d’autres trompettistes et trombonistes, mais son utilisation se limitait aux instruments à vent.

L’invention de la pédale de wah

La première pédale à effet de wah a été créée par la société américaine Thomas Organ Company qui distribuait les amplis Vox fabriqués à l’origine par la société britannique Jennings Musical Instruments. L’attribution de la création de la première wah est sujet à discussion dans le milieu, car d’autres tentatives semblent avoir été initiées avant. Mais les faits sont difficilement vérifiables parce que l’effet n’était pas encore reconnu.

Si l’on considère que son origine est liée à la Thomas Organ Company, la première pédale de wah provient de l’adaptation de l’ampli « Vox Super Beatle » imaginé par l’ingénieur Dick Denney. À la base, cet ampli a été créé pour capitaliser sur l’association entre Vox et les Beatles. En 1964, le groupe a participé au Ed Sullivan Show, une célèbre émission de variétés américaines, dont le nombre de téléspectateurs se comptait en millions. Ce jour-là, aux côtés de John Lennon et Paul McCartney, était disposé un ampli Vox. Cette visibilité a changé le statut de la marque ! D’où la volonté de capitaliser sur cet événement en déclinant un ampli portant le nom de « Beatle ». Cet ampli contenait un contrôleur des fréquences mediums appelé le Mid Range Resonant Boost (MRB). Il permettait de booster les fréquences mediums contenues entre 500Hz et 1000Hz.

Lors des essais du système MRB, les ingénieurs de la firme Thomas Organ Company se rendirent compte qu’en tournant le MRB, il était possible de produire un son étrange ressemblant au cri d’un bébé. Ils notèrent que cet effet de wah-wah pouvait intéresser le milieu des guitaristes mais que les coûts de fabrication du MRB rendaient impossible une mise sur le marché d’une petite pédale à un prix décent.

La société Thomas Organ travaillait sur de nouveaux amplis Vox à transistors afin de limiter les coûts importants engendrés par la fabrication et l’importation d’amplis à lampes venus depuis l’Angleterre. Elle demanda à un jeune ingénieur, Brad Plunkett, de s’atteler à ce projet.

Pour limiter les coûts de production, Brad Plunkett décida de remplacer le MRB par un simple potentiomètre couplé à un circuit électronique. Il décida d’intégrer son système de gestion des mediums dans une pédale à effet. Le format original proposait une pédale avec des boutons à tourner avec les mains. Or, lorsqu’on joue de la guitare, on utilise ses deux mains. Brad Plunkett remplaça son premier contenant par une pédale de volume pour orgue électrique. Ce qui donna naissance à la première pédale de wah.

La première pédale de wah-wah inventée par Vox

Comment fonctionne la wah-wah ?

Le fonctionnement d’une pédale de wah wah est assez simple. D’ailleurs, son principe n’a quasiment pas évolué depuis sa création. Elle utilise un filtre passe-bande qui laisse passer les fréquences basses et transforme les hautes. Avec ce filtre, elle amplifie le pic résonant des fréquences et le déplace.

La modification du spectre se fait par un mouvement du haut vers le bas du pied sur la pédale. En appuyant sur la pédale, on booste les fréquences entendues, en la relâchant, on revient aux fréquences de départ. C’est ce changement qui entraîne le son si caractéristique de la wah.

Fonctionnement de la pédale de wah

Principe de l’auto-wah

Il existe un effet appelé l’auto-wah. Il produit exactement le même son « wah » sauf que l’effet n’est pas contrôlable au pied. Il se déclenche automatiquement sur l’attaque des notes.

Popularité de la wah

L’une des premières pédales de « wah » a donc été utilisée et testée par le guitariste Del Casher. Le premier artiste célèbre l’ayant utilisée est Frank Zappa dont l’ingénieur son collaborait avec Vox. Il a donc eu accès à une pédale de wah dès le lancement de celle-ci. Mais, la wah a connu son apogée que lorsque Jimmy Hendrix l’ajouta à son pédalier et la fit entrer au Panthéon des pédales à effets lors de son concert à Woodstock en 1969. Par la suite, il l’a aussi intégré dans plusieurs de ses titres dont Voodoo Child.

C’est suite à l’utilisation de Jimmy Hendrix que la wah est devenue incontournable dans le milieu du rock des années 70. Elle a été déclinée par la majorité des fabricants sous un format classique, améliorée ou signature. La wah a été utilisée par de nombreux artistes dont Issac Hayes, Eric Clapton, Miles Davis, David Gilmour, Jimmy Page ou Stevie Ray Vaughan.

Elle a aussi été détournée de son principal intérêt pour générer d’autres sons ce que firent les Pink Floyd dans le titre Echoes. David Gilmour joue avec sa guitare un bruit strident et aigu ressemblant au cri d’une mouette. Il est généré en branchant la pédale de wah à l’envers.

Wah et instruments à cordes frottées

Étant fabricants d’instruments à cordes frottées, voici quelques astuces pour utiliser une pédale de wah avec un violon ou violoncelle électrique.

Apprendre à utiliser une pédale de wah

Lorsqu’on débute, la principale erreur est de croire qu’il suffit de bouger son pied pour obtenir l’effet wah. Certes, vous entendez un effet wah, mais cela n’est pas suffisant. C’est très limitatif ! Il est possible de faire bien plus avec une wah.

La wah : une pédale à expression

La pédale de wah est une pédale à expression. Il ne suffit pas d’appuyer dessus pour obtenir l’effet voulu à l’inverse pour les autres pédales à effet. Il est nécessaire d’apprendre à la contrôler. Il faut comprendre le son qu’elle est capable de produire et comment elle le produit. Tout comme il faut avoir une bonne coordination entre votre pied et vos deux mains. Chacun de ces éléments a un rôle clé à jouer. Leurs mouvements et positions vont influer à chaque instant sur le son entendu. Changer la fréquence de pression et son intensité modifie aussi le son obtenu.

En comparaison avec une guitare, la wah prend plus d’intérêt lors du jeu à l’archet, car la complexité des sons produits avec un archet la rend plus expressive. Elle fonctionne excellemment bien lors de bases rythmiques d’accompagnement créées notamment avec des chops. En alternant la position de la pédale (haut / milieu / bas) entre un ou plusieurs chops, vous pouvez créer une base rythmique contenant différentes tonalités.

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Petits exercices pour se lancer

La pédale de wah s’associe vraiment avec le rythme. Pour débuter, on conseille de travailler les gammes tout en coordonnant vos mouvements de pied sur la pédale de wah. Cela permet de travailler la coordination entre vos mains (ce que vous jouez) et le pied (le mouvement de la pédale de wah) tout en dépendant de la base rythmique imposée par vos gammes. Pour compliquer un peu, tentez de réaliser deux ou trois mouvements de va-et-vient entre chaque note. Puis deux mouvements pour une note, trois pour la suivante, deux pour la suivante, trois pour la suivante, etc. La maîtrise de la pression sur la pédale est importante. Il est aussi possible de travailler en différenciant la position de la pédale (haut / milieu / bas) entre chaque note. Par exemple, position basse pour la première note, position milieu pour la suivante, etc.

Une fois la coordination entre mains et pied obtenue, il est intéressant de passer à une autre étape : le remplacement du chant avec l’instrument et la wah. Choisissez un titre, peut-être le couplet d’un morceau pour commencer, et essayez de remplacer le chanteur en jouant ce qu’il chante tout en le transformant avec la wah pour simuler l’intonation de sa voix.

Combinaison avec d’autres effets

La wah-wah se combine très bien avec d’autres effets dont la distorsion. C’est Jimmy Hendrix qui a initié cette tendance ! La combinaison entre certains effets et la wah sont parfois étonnants. Elle mérite vraiment que chaque instrumentiste passe du temps sur son pédalier pour la tester avec différentes chaînes d’effets. Elle peut être utilisée normalement (mouvements de va-et-vient du pied sur la pédale) mais aussi en la laissant à demi ouverte pour transformer les fréquences. Tout comme, elle génère des rendus différents selon sa position dans le pédalier. Des dizaines de tests peuvent être réalisés en la plaçant avant ou après d’autres effets et en jouant sur son inclinaison.

Quand utiliser la wah sur scène ?

La majorité des musiciens, qu’ils soient violonistes ou guitaristes, l’utilisent pour prendre le lead lors d’un solo. Car avec la wah, on a la possibilité de faire ‘chanter’ l’instrument et donc d’être à la fois musicien et chanteur. Évidemment, on ne remplace pas complètement un chanteur, mais cela apporte vraiment quelque chose. C’est un effet qui met en avant le musicien !

Sources et images : Hotone Audio, Jimmy Hendrix, Brad Plunkett, Del Casher, Voxshowroom

Tags : effets, pédales à effets, Wah Wah

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